Amante à Paris ou « Maman t’as pas ri ! » (La vie est une saloperie !)
version anglaise / English version / © D A Wolf
Hier soir, j’ai reçu un coup de fil sur mon portable – le numéro, je ne l’ai pas reconnu. Mais le pays, si – 33. Et moi, aux Etats-Unis…
La France, qui me semble parfois juste à côté, parfois, si loin ; toujours, si beau – ces coins bien connus où j’ai des amis, et des amants. Et Paris, où se trouvent les rues qui me raniment, les vins qui me transportent, et l’art – encore plus. Et c’est là où je peux jouer, discuter, aimer… dans ma langue préferée. Sûrement dans une vie passée j’ai été une courtisane française, ou styliste de chaussures haute couture, ou j’ai eu l’inspiration d’un génie artistique, tout en écrivant mes propres poésies ! N’est-ce pas possible ?
Le toucher… culturel
Quant aux amants et aux amoureux – eh oui. Mais pour l’instant, ils font parti d’un autre « moi » et d’autres histoires que celles de ma vie quotidienne. Cependant, je suis ravie que mes anciens amours français restent en contact, en tant que relations, voire des amis. Un de ces gentilhommes m’appelait hier – comme s’il pouvait ressentir que j’étais sans repos ; lisait-il mes pensées et mes émotions, même à travers l’océan et les milliers de kilomètres ?
“Viens me voir,” a-t-il dit. Sa voix, si profonde ; je l’ai tout de suite reconnue. Cette sonorité a déclenché des images, mais aussi un subtil changement de temperature dans tous les recoins de … mes pièces.
J’ai dû enlever mon foulard. J’ai déboutonné mon chemisier. “Viens me voir ; cela fait trop longtemps. Tu as besoin d’un petit vacances, cela se voit. Et on pourrait travailler sur… des projets.”
Projets, dit-il. Je souris. Eh oui, on avait discuté de certains projets dans le temps. D’une collaboration…
Paris, qui brûle
Lorsque la France m’appelle, je réponds – et j’y vais – disons plutôt : je rentre, me semble-t-il. Si possible. Mais il n’y a plus personne qui peut héberger mon adolescent de 16 ans. Et donc, je ne pourrais pas quitter ma petite ville en ce moment.
Il y a aussi la question d’argent. Impossible. Mais comme s’il me lisait les pensées encore une fois, mon copain me dit : “Je t’achète le billet. Tu peux venir chez moi. Cela ne pose pas de problème, tu le sais bien.”
Il a un bel appart à deux chambres ; il ne plaisantait pas. C’est un vrai ami ; on a vécu notre histoire à nous, mais il était aussi témoin de mes insomnies. Il l’est toujours.
D’un coup, j’ai pu imaginer l’ancien plancher sous mes petits pieds nus, la cuisine où il m’a appris à faire une sauce mayonnaise, le salon ouvert et charmant en même temps avec une belle vue de la ville, nos pique-niques sur le tapis marocain.
Sa chambre. Ce qui se passait dans sa chambre.
Hélas ! J’ai dû quitter cette reverie. Mon fils ne peut absolument pas rester seul pendant que moi, je prends du (bon) temps à l’étranger. Hors de question.
La Maman, qui s’installe
“Je ne peux pas,” ai-je dit.
Silence. Ensuite : “Alors je viens te voir. Chez toi. Ce sera tout de même décontractant pour toi, non ? Et on pourrait se voir, faire… n’importe quoi.”
J’ai souri à nouveau. Pendant un instant, j’ai pensé au film américain, “French Kiss” – petite histoire d’amour entre une Américaine et un Français. Et j’ai eu d’autres images en tête… Quelle idée délicieuse… Le recevoir chez moi – et pourtant… il faudrait que je range, et là, c’est le cauchemar.
Par contre, quelle motivation !
Mais j’ai tout de suite pensé à mon ado. Je ne reçois pas d’hommes chez moi – malgré le fait que je suis célibataire depuis huit ans. J’ai une règle : seulement si c’est un vrai rapport sérieux, une affaire sérieuse, ou sérieuse affaire – un homme que mes enfants connaitraient au bout d’un certain temps, et non pas une relation sexuelle, ni même une relation sexuelle + l’amitié.
Comment expliquer un homme qui apparaît comme ça de Paris ? Mes fils ne sont pas au courant de ma vie privée quand même… et c’est comme ça que cela me convient.
“Ce n’est pas possible” ai-je dit.
Mon copain a soupiré, et m’a dit qu’il rappellerait bientôt. Il n’a pas d’enfant, mais il a du respect pour mes priorités. On se parlera la semaine prochaine je crois, et on peut se voir en ligne. Entretemps, j’ai de belles images en tête, non seulement de Paris et de la Tour Eiffel, mais autre chose… et cela me suffira. Pendant quelques temps.
© D A Wolf
version anglaise / English version
William Belle says
J’aime bien votre petite histoire. Et je comprends très bien cette situation difficile. Malheureusement, on est adulte; on est responsable; on devient vieux jeu. *soupir* Le caprice ne fait plus partie de notre comportement. Boulot, enfants, impôts à payer, nous avons tous une myriade de raisons de faire autrement. *glousser* Un de ces jours… le rêve… Attendons-nous le gros lot? Au crépuscule, il est trop tard pour bronzer. Quand même, j’ai aussi entendu dire qu’il n’est jamais trop tard. Nous verrons.
À propos: accepter une telle invitation ou non. Comme se dit le dicton: Je suis un homme fort; je peux résister à tout… sauf la tentation. Est-ce que cela veut dire que je ne suis pas aussi responsable que vous? Ha!
BigLittleWolf says
Enfin! Quelqu’un qui me lit en français. Quel plaisir. Quant aux petites histoires, il faut bien en avoir, n’est-ce pas? Tiens – c’était il y a 2 ans cette invitation! Que le temps passe vite – trop vite.