« Menace. » Un terme puissant, mais est-ce correct ?
English version / version anglaise © D A Wolf
Dire que Serena Williams a menacé la juge en demi-finale de l’US Open hier soir – voilà qui suggère une scène explosive ! Et voici pourquoi les médias exercent leurs pouvoirs sensationnels lorsqu’il concerne l’art des titres… Croyez-vous que ce soit le mot juste – menacer ? Les médias américains parlent d’une « fusion (nucléaire) » de la part de Williams ! Quelle fin bizarre pour les deux joueuses, y compris Clijsters qui a gagné grâce à cette péripétie inattendue.
Pas vu la vidéo ? Vous pouvez la voir ici. Et votre avis ? Grosse colère exagérée par les médias américains ? Menaces, vraiment ?
Les titres dans le journal ont pour but de vous accrocher
Bien naïf qui ne croit pas que les médias manipulent nos réactions selon un choix de mots précis qui vise, bien entendu, à accrocher le plus de lecteurs possible !
Menacer ? C’est le tennis, quand-même ! Et selon la presse américaine, « une fusion » – terme qui évoque une fusion nucléaire, une réaction avec conséquences catastrophiques ! (Un véritable « pétage de plombs » !) Vu le résultat du match, cette insulte n’est peut-être pas une fusion, mais a eu comme conséquence un résultat catastrophique pour l’ancienne championne du Grand Chelem !
La « fusion » parentale
Et la « fusion » parentale vis-à-vis des enfants ? Cela vous arrive ? Vous, comment appelez-vous cette explosion émotionnelle de fin du monde – je veux dire du petit monde familial ? Résultat normal de la colère ou du désespoir, un épisode – enfin – spontané d’émotion pure, non ?
Cela nous arrive à tous, et après, on se sent coupable et désolé. Parfois on se demande si on traumatise nos enfants, ou si nos ados vont nous en vouloir. Est-ce nous qui exagérions maintenant, à notre tour ?
Si la violence s’en mêle, je suis d’accord que c’est une réaction démente et plus que lamentable ! Et sinon ? Pour la plupart d’entre nous, il s’agit d’une réaction pas souhaitable, bien sûr, mais qui arrive à tout le monde. N’est-ce pas mieux de retrouver des mots précis quand on demande pardon après, ou quand on explique la situation ? Il s’agit plutôt d’une réaction humaine – qui fait suite à un accès de stress ou de frustration. (Une petite dose d’adolescence dans un corps adulte, peut-être ?)
Et Serena Williams ? N’est-ce pas le cas ? Une faute de pied à ce moment-là ?
Les mots comptent
Il y a des moments où j’ai éclaté en larmes devant mes enfants, ou j’ai hurlé quand j’aurais dû exercer plus de contrôle. A l’origine, il s’agit toujours de la frustration, du stress ou de la fatigue. Et j’en suis gênée et désolée après ; je prends un moment et je respire ; je demande pardon. Et je me mets à expliquer de manière plus calme ce que j’éprouve et pourquoi l’événement mérite une réponse forte, même si ma réaction avait été trop extreme.
Huit ans de métier en tant que mère célibataire ? Eh oui – cela m’arrive de me fâcher ! Je n’en suis pas fière, mais n’est-ce pas parfois une réaction compréhensible ? Ne faut-il pas que nos enfants voient les émotions négatives aussi bien que positives, pour qu’ils sachent que c’est normal d’exprimer la colère, la souffrance, la frustration, le stress – et sans violence ? C’est indispensable, vital même, de leur montrer comment on « revient » de la colère, de leur apprendre que celui qui s’est laissé « fusionner » ne doit pas rester seul avec sa culpabilité mais prendre le chemin – très clairement balisé – du retour parmi les siens.
« Fusion parentale » ou « explosion de colère » ou autre expression extrême ? Franchement, n’existent-il pas des mots plus raisonnables pour ne pas communiquer des messages subtils, exagérés et faux, finalement ?
S’exprimer avec soin
Serena, avait-elle raison d’être bouleversée ? De râler ? Peut-être bien. Etait-ce le comportement d’une championne ? Sûrement pas. Mais tout à fait humain, étant donné les circonstances ?
Les journaux et leurs titres ; on le comprend bien. Il s’agit d’accrocher des lecteurs, et c’est une méthode qui réussit, que ce soit le tennis ou autre chose !
Et quand vous êtes fâché avec vos enfants ? Et quand vous réagissez de façon excessive ? Moi, après, j’essaie d’être très précise en m’expliquant : « J’étais contrariée parce que… » et « Je suis désolée d’avoir perdu mon sang-froid, mais… » Ensuite, je leur donne la description des événements ou des activités (y compris les leurs) qui ont entraîné les injures.
Comme conclusion ? N’utilisons pas de termes dramatiques avec nos enfants, mais ne leur faisons pas croire non plus que toute la vie est sous contrôle ; ce serait également dangereux.
Votre avis ?
- Quand vous vous fâchez envers vos proches, que faites-vous après ?
- Quant à Serena Williams – son comportement et la décision de la juge de ligne et de l’arbître – qu’en pensez-vous ?
Franco says
Serena n’a pas mérité son point de pénalité infligée sur une balle de match.
La juge de ligne qui a signalé une faute de pied au point crucial (et pour la première fois dans le match) a eu tort.
La faute de pied n’était pas vraiment évident (selon la vidéo).